Auteure : Angélique Debrulle
En Europe environ 197 millions de dindes sont élevées chaque année en vue de la consommation de leur viande[1], la France étant l’un des plus grands producteurs. [2]
Pour garantir le bien-être de ces animaux, on peut uniquement compter sur la directive 98/58[3] concernant la protection des animaux dans les élevages qui reprend des dispositions larges qui ont été transposées dans les Etats membres impliquant parfois des niveaux de protection très différents. Les veaux, les porcs, les poules pondeuses et les poulets de chair, contrairement aux dindes, bénéficient de directives spécifiques apportant des précisions sur leurs conditions d’élevage .
La région wallonne vient donc d’adopter un arrêté relatif au bien-être des dindes dans les élevages.[4] Ce texte a été mis en place sur base d’un avis du Conseil wallon du bien-être des animaux[5] qui a listé les conditions permettant d’assurer des conditions de bien-être satisfaisantes pour ces animaux.
L’arrêté fixe des conditions spécifiques pour la détention des dindes et s’intéresse à la formation des éleveurs. Il concerne les exploitations détenant 200 dindes ou plus et entrera en vigueur le 1er juin 2022.
Il indique notamment que la densité d’élevage maximale est de 30 kg/m² (= environ 3 dindes par m²) pour les femelles et de 36 kg/m² pour les mâles, avec un nombre maximal de 8 animaux/m². Il précise également qu’un parcours extérieur de minimum 6 m² par animal doit être mis à disposition des dindes et que celles-ci doivent avoir accès librement au bâtiment pour se protéger des mauvaises conditions météorologiques, des prédateurs et des nuisibles.
Il est intéressant de relever que cette densité maximale a été suggérée par le Conseil qui précise à ce sujet que « le seuil de rentabilité ne peut être rencontré sous des densités maximales de 52 kg/m² pour les femelles et de 58 kg/m² pour les mâles. Le développement d’élevage de dindes en Wallonie aux densités proposées par le groupe de travail ne peut s’envisager sans un soutien économique au secteur, en particulier lors de l’installation. »[6]
En l’absence d’élevage de ce type, aucune mesure de soutien financier n’a été annoncée pour aider les producteurs à se mettre en conformité. Cet arrêté semble donc plutôt avoir pour effet de décourager l’implantation de telles activités en Wallonie et d’inciter la Flandre, seule région du pays hébergeant des exploitations « intensives » de dindes, mais également d’autres pays européens comme la France, à légiférer en la matière.
[1] Voir la stratégie de l’Union européenne pour la protection et le bien-être des animaux au cours de la période 2012-2015 : https://eur-lex.europa.eu/resource.html?uri=cellar:57576a43-59e3-4e99-aa3a-517b34804bc2.0015.03/DOC_1&format=PDF
[2] https://www.europarl.europa.eu/RegData/etudes/IDAN/2019/644195/EPRS_IDA(2019)644195_FR.pdf
[3] Directive 98/58/CE DU CONSEIL du 20 juillet 1998 concernant la protection des animaux dans les élevages
[4] Arrêté du Gouvernement wallon du 31 mars 2022 relatif au bien-être des dindes dans les élevages, M.B., 26 avril 2022, p. 39095. Disponible via ce lien : http://www.ejustice.just.fgov.be/eli/arrete/2022/03/31/2022202241/justel
[5] http://bienetreanimal.wallonie.be/files/documents/AVISCWBEA_Dindes_CCL_valid.pdf
[6] Voir pages 8 et 9 de l’avis du Conseil wallon du bien-être des animaux